Danse
pour salles de spectacle
à partir de 7 ans
Partir du bon pied, se jeter tête la première, avoir le coeur sur la main, finir sur les rotules, garder la tête sur les épaules… Un travail ludique autour de ces expressions courantes a été imaginé, pour les décortiquer et leur donner vie, faisant apparaître des images surprenantes. Entre absurde, burlesque et poésie, les trois acrobates danseurs articulent le corps et le langage, passent de la métaphore au concret. Une fantaisie ludique et joyeuse dans laquelle de mini-fictions s'invitent dans le récit, dans un rapport immédiat autant que décalé.
Voilà longtemps que je réfléchis à ces expressions du langage qui mobilisent ou incluent le corps.
Ce sont des expressions courantes que l’on emploie tous les jours et qui veulent, en impliquant
certaines parties, traduire une situation, un état, un sentiment.
Depuis plusieurs années, je les collecte.
Ces expressions relèvent pour moi d’un double sens. Elles sont sujettes à plusieurs représentations.
Dans les esprits, elles font apparaître des images. Elles s’entendent souvent pour leur sens
figuré. Mais, qu’en est-il de leur sens propre ?
Comment, dans cette double lecture, ne pas voir la position physique qu’elle suggère, ou l’action
qu’elle induit ?
Un fil narratif ne tarde pas à se mettre en place : « partir du bon pied », « se jeter la tête la première »,
« avoir le coeur sur la main », « finir sur les rotules »…
Qu’est-ce que « tordre le cou à une idée reçue » veut dire littéralement ? Comment « prêter main
forte » à quelqu’un ? Dans quelle mesure gardons-nous «la tête sur les épaules » ?
Grâce à quoi les choses prennent-elles corps ?
Ce sont ces images et cette matière textuelle qui invitent à explorer le corps dans son engagement
physique, mais aussi dans sa capacité à traduire et véhiculer du sens.
Plusieurs niveaux de langage pourront être mis en jeu : le texte théâtral, la danse et l’acrobatie,
l’illustration graphique (hypothèse).
Ces dictons usuels seront ainsi décortiqués, renversés, pétris afin d’offrir un récit accessible au
plus grand nombre. Chacun y décelant un sens ou une vision : le jeune public y verra peut-être
quelque chose de physique ou de proprement décalé ; les plus grands s’attacheront sans doute à
la portée littéraire et accèderont à un second niveau de lecture.
« Prendre les jambes à son cou » pourrait être une invitation à partir vite, à décamper. On peut aussi
l’entendre comme une consigne à se contorsionner, dans une forme d’acrobatie impossible.
Il y a donc derrière ce titre-expression du métaphorique et du tout à fait concret.
Jean-Baptiste André
novembre 2020
Passé par la gymnastique, Jean-Baptiste André s’est formé au Centre National des Arts du Cirque de Châlons-en-Champagne où
il se spécialise dans les équilibres sur les mains et le travail du clown. En 2002, il fonde l’Association W au sein de laquelle il développe
depuis ses projets (plus d’une quinzaine de propositions artistiques, allant de spectacles, conférence, cycle de film). Chaque
projet est un nouvel espace de tentative, d’expérimentation guidé par un engagement physique et un croisement des disciplines
échappant ainsi à toute catégorie ; pour mentionner les plus récents : Pleurage et scintillement (2013), Millefeuille (2014), Floe (2016),
A brûle-pourpoint (2018), Deal (2019), L’orée (2020). En 2005, il a été le premier artiste de cirque lauréat du programme Villa Médicis
Hors Les Murs et est parti en résidcence au Japon. Il s’investit dans de nombreuses collaborations, et parallèlement à ses projets,
il est aussi interprète auprès de chorégraphes et metteurs en scène. Il a reçu le prix ‘arts du cirque’ de la SACD en 2017.